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LIBRAIRIE MOTS ET CIE

RÉCIT D'UN DRAME ORDINAIRE

11 Février 2017 , Rédigé par Le libraire Publié dans #RENTREE LITTERAIRE 2017

ARTICLE 353 DU CODE PENAL

Tanguy Viel

(Ed. Minuit)

Que vaut la parole d'un homme face à la justice? Doit-on se fier aux preuves ou à son intime conviction? Doit-on rester dans les clous de la justice ou suivre ce que dicte sa conscience?

Toutes ces questions sont parfaitement illustrées dans le récit d'un homme, un ouvrier breton, Martial Kermeur, floué par la vie et conduit à l’irréparable.  C’est au juge que Martial raconte l'enchainement des faits qui l’a amené à jeter à l'eau durant une partie de pêche, Antoine Lazenec, promoteur immobilier.  L’accusé déroule sa vie: son travail à l'arsenal puis son licenciement, le départ de sa femme, la garde de son fils Erwan et les promesses du beau parleur Lazenec et l’attrait de son pharaonique projet de construction, en front de mer, d’une station balnéaire de grand luxe dans lequel  Martial a non seulement englouti ses économies mais aussi ses espérances et l’avenir de son fils.

 

Avis du libraire : Une étude magistrale de la société d’aujourd’hui, un huis clos addictif où le mécanisme du scénario menant implacablement au drame est parfaitement huilé. Un livre prenant mais aussi rempli d’humour dont on ressort avec un supplément d’humanité.

 

EXTRAIT
« Toute cette histoire, a repris le juge, c’est d’abord la vôtre. Oui. Bien sûr. La mienne. Mais alors laissez-moi la raconter comme je veux, qu’elle soit comme une rivière sauvage qui sort quelquefois de son lit, parce que je n’ai pas comme vous l’attirail du savoir ni des lois, et parce qu’en la racontant à ma manière, je ne sais pas, ça me fait quelque chose de doux au cœur, comme si je flottais ou quelque chose comme ça, peut-être comme si rien n’était jamais arrivé ou même, ou surtout, comme si là, tant que je parle, tant que je n’ai pas fini de parler, alors oui, voilà, ici même devant vous il ne peut rien m’arriver, comme si pour la première fois je suspendais la cascade de catastrophes qui a l’air de m’être tombée dessus sans relâche, comme des dominos que j’aurais installés moi-même patiemment pendant des années, et qui s’affaisseraient les uns sur les autres sans crier gare. »

 

 

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